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fantastique

Démocratie Callysthie - Sandrine WALBEYSS

Démocratie Callysthie

Le processus était bien rodé. Tous les vingt ans, deux représentants de chaque cité-État étaient choisis par leurs concitoyens pour participer à cet évènement. Cette constitution serait la quatre-cent-quarante-quatrième depuis la fin de la guerre de Parosse. Si les discussions avaient été longues à la fin de la guerre avant d’arriver à un consensus, tous les callysthis avaient mesuré l’impact de ce nouveau fonctionnement. La garantie d’une constitution adaptée à l’évolution du monde, choisie par ses habitants. Ni par les citadins, les pêcheurs ou les commerçants, mais par l’ensemble des corporations et des sensibilités. Cela garantissait aussi la suppression au fur et à mesure des anciennes lois qui n’avaient plus de raison d’être. Pendant l’année qui allait s’écouler, chaque article de la constitution en vigueur serait reconsidéré, soupesé, décortiqué. Puis les nouvelles propositions verraient le jour, et commencerait alors la difficile synthèse jusqu’au texte final.

Galahn Hy - Sandrine WALBEYSS

Galahn Hy

Aujourd’hui, tout va trop vite. Les joies sont trop intenses, et les peines insupportables. Plus personne n’a le temps de rétablir les voies d’énergie.
Je ne suis pas seul et vous non plus. Chaque parcelle de cet univers concourt à l’équilibre de l’ensemble. Entendez le chant de l’herbe folle dans les prés, elle vous enseigne la voie de la nature. La voie de la résilience et de la patience. Celle qui sait que tout arrive à point nommé, ni trop tôt, ni trop tard, quoi que votre pensée cartésienne vous assène.

S'ouvrir à l'inconnu 1/3 - Sandrine WALBEYSS

S’ouvrir à l’inconnu (1/3)

Journaliste dans l’un des plus grands groupes de presse de Dakyrie, Anthary n’avait jamais été attiré par la littérature imaginaire. Son truc c’était les policiers, les romans à suspense, les thrillers. Cependant, la présence du psychogénéalogiste l’intriguait.
Il l’avait rencontré deux ans auparavant, pour une série d’articles sur les médecines parallèles, celles qui soignent le corps avant qu’il ne soit malade. Réticent à l’idée d’énergies invisibles, Anthary avait commencé l’entretien avec la distance moqueuse d’un scientifique face à un croyant. L’interview, qui devait durer une heure, s’était poursuivie sur trois jours.

Albert, de Sandrine Walbeyss

Albert

Ce qu’il connaissait formait le cadre de son quotidien. Un espace rassurant et intime, quels que soient sa taille ou son confort. Le dépasser demandait du courage, pour affronter l’inconnu, de la volonté, pour persévérer devant les obstacles, et de la joie, pour avancer avec enthousiasme et confiance.

Le coeur magique - Sandrine WALBEYSS

Le Cœur Magique

Chaque instant est unique. N’en perdez aucun à pleurer sur ce que vous avez perdu. Accueillez votre peine pour l’aider à partir. Il ne sert à rien de vouloir la retenir, elle est déjà obsolète. Son énergie s’est dissipée et vous vous battez avec le néant.
Accueillez-le. Changez de point de vue. Le vide laissé par un départ n’est que le début d’une nouvelle liberté.

Le Fleuve Bleu - Sandrine WALBEYSS

Le Fleuve Bleu

Le Reflux, c’est un caprice du fleuve. Un demi-tour qui s’effectue en douceur, la plupart du temps. Nul ne sait plus quel est le sens originel du courant. Est-ce la Mer Intérieure qui vient se jeter dans l’Océan Inconnu, prête à découvrir le grand large, ou au contraire l’Océan qui vient se ressourcer à l’intérieur des terres ?
Le Reflux, c’est la liberté de l’eau qui choisit où elle va sans se soucier des habitudes ou de la régularité.

Azyolh - Sandrine WALBEYSS

Azyolh

Ce qui renforce le cœur magique, c’est l’amour universel, celui que nous offrons au monde simplement parce que nous pouvons le faire. Un amour qui n’attend rien en retour et qui est librement répandu. Cet amour-là, vois-tu, peut prendre des centaines de formes différentes. Sourire à quelqu’un est un geste d’amour. Porter le sac d’un vieil homme est un geste d’amour. Regarder la personne qui est en face de toi quand tu danses est un geste d’amour.

La prochaine porte

Son regard remontait l’ensemble du sentier depuis la tour d’Yvonyth. Comme elle semblait loin ! Que de bons moments passés ici, que d’apprentissages, de douleurs et d’échecs aussi, mais qui avaient forgé le Bakou qu’il était devenu. Il sentait le poids du passé se déposer peu à peu, à chaque mètre parcouru, il se sentait plus léger, plus grand, moins important. Il suivait la lumière du sentier comme on suit une luciole dans le noir, sans savoir pourquoi, juste pour partager la fugacité de l’instant, le plaisir de sentir une vie, si tenue soit-elle. Un battement, un frôlement, un effleurement qui vous fait sentir toute la douceur de vivre. Non pas à cent à l’heure, brutalement, passionnément, mais au contraire un rien que vous auriez manqué si vous n’aviez pas été attentif à cet instant, juste celui-là, qui vient de disparaître. C’est parfois ce qui fait toute la différence entre la joie et la douleur, un petit moment d’attention.

Maître des Étoiles

Fermant les yeux, Iolunh visualisa le plateau de jeu. Le plateau vide, dans cet instant où tout est à construire, dans l’intervalle où rien n’est posé, où tous les possibles sont à égalité, où le métronome n’a battu ni à droite ni à gauche, dans cet espace impalpable où rien n’existe mais où tout est présent.
Il se laissa dériver dans cette liberté infinie du non-être,
dans cet indéfini prêt à éclore.
Qu’il était simple de rester dans ce mouvement immobile, dans cet équilibre plus tout à fait yin et pas encore yang, entre la pensée et l’action, comme une goutte d’eau qui aurait quitté son nuage et pas encore touché la terre.

Staccalang, la saison du choix

L’automne. La saison des choix. Laisser le passé derrière soi et se rassembler sur l’essentiel, le protéger durant la longue saison d’hiver à venir, avant de laisser le nouveau éclore au printemps. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas songé aux enseignements des Essentiels.
Choisir que garder et de quoi se défaire. Voilà qui était tout à fait approprié pour les jours à venir.