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La part du colibri

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Il y a quelques semaines, je me trouvais dans un magasin de vêtements. Flânant dans les allées à la recherche (utopique) d’une veste (d’une coupe identique à celle que j’ai depuis 15 ans et que j’adore, mais dont je ne supporte plus le tissu), je croisais un homme et sa fille adolescente.

Entendant sans vraiment y prêter attention le monologue du père, je notais cependant ses tentatives de dénicher un pantalon à sa fille. « Et celui-là ? Il t’irait bien, non ? Ou celui-ci ? Il ne te plaît pas ? ». La jeune fille, tête dans sa capuche, n’avait pas l’air de répondre et semblait plutôt éteinte.

Quelques pas plus loin, alors que je me trouvais juste à côté d’eux, le père lâche d’un ton excédé « T’es chiante à la fin ! ». Et là, bien que je sois d’ordinaire quelqu’un de réservé, je me surprends à lui dire « On ne dit pas chiante, on dit exigeante ».

Le père me regarde comme un moustique qui se serait posé sur sa manche, sans répondre, mais l’adolescente lève la tête et me sourit. Un sourire lumineux qui éclairait son visage.

À cet instant, j’ai compris ce qu’était la part du colibri. Quelques mots, une action qui semble insignifiante dans le déroulé d’une journée, mais qui éveille quelque chose.

J’ignore ce que ces mots ont suscité chez cette jeune fille, mais c’était magnifique. Et lorsque je l’ai recroisée un peu plus tard près des cabines d’essayage, elle m’a à nouveau souri. Comme un cadeau.

De toutes les expériences et rencontres que j’ai vécues, celle-ci a une place à part. Parce que c’était l’une des rares fois où j’ai osé prendre la parole alors que personne ne me demandait rien. Parce que c’est l’une des rares fois où j’ai laissé le colibri voler là où il le voulait, dans la spontanéité de l’instant, sans envisager tous les scénarii possibles avant de m’élancer. Parce que ce jour-là, j’ai donné à quelqu’un le petit coup de pouce qui a éclairé sa journée. J’en ai reçu beaucoup, même s’ils n’ont pas toujours suffi à éloigner les ombres, et j’ai aimé l’expérience d’alléger, même pour un instant, la journée d’une inconnue.

Beaucoup de gens ont une théorie sur le colibri et ce qu’il apporte au monde. La mienne, c’est qu’il suffit parfois d’oser agir avec notre cœur et de suivre l’impulsion du moment, sans calcul, sans attendre de résultat, juste parce qu’à cet instant, on peut le faire.

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