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Une autre conception de la politique

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui j’ai envie de vous parler de politique.

L’exercice politique, en tant que vie de la cité, m’intéresse depuis longtemps. Malgré tout, comme bon nombre de Français, je suis lasse des querelles de clocher et petits arrangements entre ennemis au gré des élections.

Je me suis souvent demandé comment faire de la politique autrement. Les essais ou interventions diverses des sociologues, politologues, — ogues et — istes en tout genre, pour captivants qu’ils soient, ne m’avaient jamais entièrement satisfaite.

Et ce matin, à la faveur d’une nuit inspirante, j’ai enfin trouvé ma réponse.

Si j’ai du mal à me placer sur l’échiquier politique, c’est que je repère des idées attractives dans chaque groupe. Je suis profondément humaniste, soucieuse de l’environnement dans lequel je vis, mais je me sens aussi française et j’apprécie mon indépendance professionnelle.

Je me situe donc au centre de la vie politique que nous connaissons aujourd’hui, mais pas un cœur virtuel coincé entre la droite et la gauche, un vrai centre, à égale distance de chaque qualité. Placer les citoyens au centre de l’espace politique, ne serait-ce pas l’idée de départ de la démocratie ?

Cela pourrait donner une image de ce type :

Être citoyen, c’est vivre avec les autres et que je représente par MOI ET LES AUTRES, au centre du graphique.

Ensuite, je garde l’idée directrice forte et positive de chaque « entité » politique. Celles qui participent à la constitution d’une société où il fait bon vivre ensemble.

En marge du graphique, à l’écart, je place le compromis et le combat. Il s’agit pour le premier d’une attitude d’accord à tout prix qui laisse souvent insatisfait. Le deuxième représente l’abandon du vivre ensemble, et la volonté d’imposer sa vision des choses contre les autres. Deux extrêmes qui marquent la sortie du citoyen (moi) du centre du cercle, par fatigue, découragement, et délaissement d’une partie des composantes de l’équilibre général.

Je vous propose de faire rapidement le tour des 5 éléments d’une société politique différente, génératrice d’harmonie.

1 — La cohésion du groupe

L’idée même de société part du principe qu’un ensemble d’individus a choisi, en tout cas à un moment de son histoire, de suivre des règles identiques et de fonder un espace collectif. Cela ne fonctionne que si ces individus acceptent et reconnaissent des idéaux communs qui forment le socle de la communauté, au-delà des singularités.

Pour ma part, entendre un hymne chanté par des milliers de voix dans un stade (à l’époque où c’était encore possible et avec l’espoir que cela le sera à nouveau un jour) est une expérience hors du commun. J’ai rarement ressenti une telle énergie. Chacun met dans son chant qui il est et comment il vit le groupe, et c’est la somme de ces énergies uniques qui donne de la force au collectif.

De la même manière, sans être militariste, j’aime regarder le défilé du 14 juillet. Pacifiste dans l’âme, j’ai souvent du mal à comprendre les motivations de ceux qui s’engagent. Pour autant, assister au défilé me permet, une fois par an, de saluer le courage des hommes et des femmes qui ont ce sens du devoir et de les en remercier.

Je laisserai chacun d’entre vous réfléchir à ce qui constitue votre sentiment d’appartenance à la société, mais je ne peux pas terminer ce paragraphe sans ajouter la laïcité. C’est, pour moi, l’un des piliers de la conception politique qui place l’individu dans le groupe au centre de la vie publique. La liberté d’être soi (avec sa religion, sa sexualité ou son régime alimentaire) en respectant la liberté des autres et leur différence.

2 — La liberté individuelle

Dans cette composante, l’accent est porté sur l’individu. Moi. Qui je suis, en dehors du groupe, de quoi je rêve, ce que je construis. Identifier ce qui me définit : ma position sociale ou professionnelle, ma personnalité, ma sexualité, ma religion, mon handicap…

Affirmer ma différence pour savoir qui je suis et ne pas me perdre au milieu du groupe. Affirmer ma différence sans me réduire à elle. Personne n’est seulement aveugle ou seulement musulman.

Je porte des lunettes. J’aime le rock, la chanson française et le musette. J’adore manger les petits pois directement dans le potager et les bonbons chimiques. Je déteste faire les courses, mais j’aime cuisiner pour mes amis. Rien de cela n’est suffisant pour définir qui je suis, mais la somme de ces petites choses me représente.

Savoir qui je suis et ne pas avoir peur de le dire. Ne pas m’éteindre pour rentrer dans la norme du plus grand nombre. Oser dire que j’aime la trompette face à quelqu’un qui m’annonce détester les cuivres. Ne pas me mettre à l’écart parce que mes idées sont différentes, mais au contraire apporter ma force au groupe. Une vision alternative, un autre regard.

Être fière de qui je suis au milieu du collectif.

3 — La volonté de conciliation

Au centre du croissant de cette proposition politique, se trouve la volonté de conciliation. Celle qui inclut tous les axes de cette politique. Qui ne néglige ni l’individu ni le groupe. Qui équilibre les personnes, le collectif et l’environnement. Qui communique.

S’exprimer est le fondement de la conciliation. Aller jusqu’au bout des idées ou des démonstrations. Ne pas se satisfaire d’un « ça ira bien », car il porte la certitude d’une déception, d’un à peu près qui ne convient à personne. Le compromis en est le règne. Chacun fait un pas vers l’autre, sur le papier, en évitant souvent les questions qui fâchent et les sujets sensibles. Quelqu’un a dit un jour que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Les compromis seulement ceux qui les signent, et ce sont rarement eux qui en subiront les conséquences.

La conciliation est l’action de lier son sort à celui de l’autre. De faire l’effort de comprendre pourquoi il refuse ma solution idéale et d’envisager autre chose.

J’aime la viande rouge et je suis sensible au bien-être animal. Je ne me sens proche ni des chasseurs d’animaux d’élevage ni des extrémistes végans, je suis quelque part entre les deux. Lorsque j’invite des amis qui n’ont pas le même régime alimentaire, que ce soit par choix ou pour des problèmes d’allergies, je prépare des plats qui leur conviennent. J’accueille leur liberté et je conserve la mienne.

La conciliation est l’art de la communication. Écouter l’autre. Entendre ses arguments. Donner son point de vue. Faire l’effort de trouver une solution qui prend en compte les contraintes individuelles comme celles du collectif. Savoir dire je ne sais pas et prendre le temps de trouver une meilleure solution.

4 — Le respect

Le respect permet le vivre ensemble. Savoir qui l’on est et affirmer sa différence peut se faire avec les autres ou à leur détriment.

Pour garder la cohésion du groupe et concilier les individualités, le respect est fondamental. S’affirmer sans écraser. Placer la personne dans la société et dans son environnement. Mettre la liberté individuelle au cœur de la liberté collective. L’une nourrit l’autre et elles ne peuvent exister qu’ensemble. Ma liberté commence là où s’arrête celle des autres.

Le respect, c’est aussi regarder l’autre sans préjuger de qui il est. Oublier pour un instant l’étiquette qu’il porte pour l’accueillir. Le laisser se présenter et se dévoiler. Il y a quelques années, j’ai assisté à un bal folk au fin fond du Morvan. Arrivée un peu tard, j’étais seule, et j’ai croisé avant de rentrer un type à l’air « patibulaire ». Blouson noir, cheveux mi-longs et mal coiffés, jean, les poches sous les yeux, il ressemblait plus au loubard du coin qu’au public habituel de ces soirées. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir, quelques minutes plus tard, sur scène avec son accordéon. Dès les premières notes, la magie opéra. Sa musique était délicate, sensible et envoûtante. Je n’ai jamais oublié cette expérience.

5 — L’équité

La dernière composante de cette nouvelle politique est l’équité. Moins connue que sa cousine égalité, elle est pourtant plus adaptée à un équilibre harmonieux.

L’égalité, c’est fournir des chaussures taille 42 à tous.

L’équité, c’est donner à chacun une paire de chaussures à sa taille…

Je vous laisse choisir la version qui vous convient le mieux !

En conclusion – Une autre conception de la politique

Au fil de ma démonstration, j’ai un peu « oublié » la politique, ou en tout cas, la manière traditionnelle de l’envisager.

Ce n’est pas un hasard. Nous sommes nombreux à nous être éloignés de notre démocratie. L’abstention augmente, de même que les inégalités, les injustices et l’insatisfaction.

La plupart des femmes et hommes politiques se sont engagés pour servir le bien commun, et ils y mettent tous beaucoup d’énergie. Mais leurs efforts ne correspondent pas aux attentes de la population, et la frustration grimpe des deux côtés.

Je pense qu’il est temps de placer le citoyen (et la citoyenne) au centre de la politique. Pas la masse informe et indistincte du peuple, ce concept un peu flou et abstrait, mais la somme des individualités. Prendre en compte chacun et chacune d’entre nous pour construire une société qui accueille chacun de ses enfants, avec un cadre défini et un objectif : aller plus loin, ensemble.

Une autre conception de la politique - Sandrine WALBEYSS

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