Aujourd’hui j’ai regardé passer le temps. Dans cette journée un peu moins remplie que les autres, chaque minute m’a semblée plus longue.
Avez-vous déjà compté les secondes ? Un, deux, trois… Alors que notre esprit cartésien s’ancre dans les repères du temps, une minute fait soixante secondes, une heure soixante minutes et une journée vingt-quatre heures, notre âme rêveuse papillonne d’une curiosité à l’autre.
La partie logique de notre être accorde peu de place aux impressions, aux intuitions ou aux enthousiasmes. Elle sait, elle, ce qui se passe, et elle vous le dira cent fois si c’est nécessaire, cette journée a été aussi longue (ou aussi courte) que les précédentes.
Mais elle n’est pas seule. La partie intuitive de notre être s’intéresse peu aux vérités encadrées et aux certitudes. Elle sait, elle, que la vie est un mouvement perpétuel d’adaptation. Rien n’est identique à l’instant précédent. Elle ne court pas au-devant du futur, car elle n’est pas pressée de quitter le présent, un cadeau en soi.
Il n’est pas anodin qu’en français le même mot désigne un cadeau et l’instant qui s’écoule au moment où vous lisez ces mots. Apprécier le présent, dans un cas comme dans l’autre, est un défi. Savoir apprécier ce que l’on a, ce qu’on nous offre, ce qui ne nous coûte rien d’autre que de recevoir est moins simple qu’on peut le penser.
Il faut pour cela s’affranchir du temps. Poser, ne serait-ce qu’un instant, notre habit de raison pour écouter nos sensations. Il ne s’agit pas de les laisser mener la barque, mais seulement de les écouter. De prendre en compte la part de nous qui s’impatiente, celle qui piaffe et qui s’élance, afin de garder l’enthousiasme et la joie qui construiront nos projets.
Oublier qu’on est coincé, encore quelques heures, quelques jours ou quelques mois à un endroit qui ne nous correspond plus. Reconnaître ce que nous y avons appris, l’empreinte que les expériences vécues ici ont laissé dans notre vie. Garder les forces que nous avons découvertes, et laisser ce qui ne nous appartient pas ou qui ne nous convient pas.
Prendre le temps de faire les choses. Avec douceur, bienveillance, délicatesse. Chaque choix, aussi attendu ou joyeux soit-il, est toujours une étape importante sur notre chemin. Prenons le temps de le digérer, de le regarder, de l’accepter, afin de poursuivre notre chemin plus forts et plus légers.
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