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Les mondes imaginaires

On me demande parfois d’où me sont venues mes idées. Contrairement à d’autres, j’ai rarement souvenir du moment précis où une histoire est née. Ce que je ressens au départ, c’est une envie d’écrire. Des mots qui fourmillent dans ma tête, de jour comme de nuit, des bouts de pensées posées sur un papier, en vrac, dans le noir pour ne pas réveiller mon mari, ou sur le bord d’une route, derrière un ticket d’horodateur.

Je note ce qui se présente. Parfois, je n’en garde rien, en tout cas pas sous la forme initiale, mais il arrive aussi que ce soit le début d’un récit. Dans mon univers, l’imaginaire est une évidence. Il m’offre la liberté de mettre en scène les images qui me viennent à ma convenance. Si mes histoires sont nourries de mon quotidien et de ma sensibilité, j’essaie d’éviter le côté donneur de leçon qui est vite perceptible et lassant en fiction. Je n’ai pas toujours réussi, mais j’y travaille sans relâche. Je préfère amener les choses tranquillement, poser des questions, laisser la porte ouverte et voir ce qui se présente.

J’ai trop souvent été confrontée à l’absolue vérité de certains interlocuteurs, qui, forts de leur expérience ou de leur stature, en profitent pour balayer en deux mots mes hésitations et mes doutes. Je n’ai aucune envie de suivre leur exemple. Je rêve d’un monde qui se construirait avec les autres, même, et surtout, s’ils ne sont pas du même avis que moi, et pas contre eux.

C’est cela que je crée dans mes histoires. Le cadre propice à un échange différent. Un univers où les codes nous sont inconnus, et que je découvre à chaque nouvelle page. Un chapitre après l’autre, j’ai quitté le domaine rassurant du quotidien pour affronter le vide sidéral. Non pas l’angoisse de la page blanche, mais un espace de liberté absolue, où tout est possible.

Mes histoires m’ont mené du fantastique à la limite de la fantasy vers l’anticipation et la science-fiction. J’ai été surprise par cette évolution que je n’avais pas envisagée. C’est cela aussi, la joie de l’écriture. Se découvrir autre, par le filtre des mots, qui met en lumière des aspects que j’aurai voulu oublier ou qui laisse de côté les fanfaronnades de l’ego. Chaque phrase est pesée, ciselée, précise, au service du récit.

Peu importe qui écrit et où se passe l’intrigue au fond. Lorsque je lis un livre, il n’y a plus que moi, et les mots qu’un auteur a posés, quelques mois ou quelques centenaires auparavant. La seule chose qui compte, à cet instant, c’est la résonnance de ses mots dans le prisme de mon existence. Et quand la concordance est parfaite, la lecture devient le nectar de l’esprit. Un baume qui apaise par sa seule présence, par la petite idée, si simple, que quelqu’un d’autre pense comme moi.

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