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La petite fille qui rêvait d’amour

Elle est arrivée sur Terre un matin brumeux de novembre. Pleine de rêves et d’enthousiasme, elle avait fait le plein d’amour avant de s’incarner. Un bel amour, pur, simple et joyeux. Comme elle avait bien étudié la Terre avant de venir, ses réserves étaient conséquentes, car elle avait bien vu que les besoins grandissaient à vue d’âme. Cela ne l’effrayait pas. Son amour englobait tout, il était si beau qu’il rayonnait déjà.

Elle est arrivée sur Terre dans une famille ordinaire. Une famille comme on en croise tant. Avec un peu d’amour, beaucoup de bon vouloir et des contraintes illimitées. Obligations, sacrifice, croyances, l’humanité ne manque pas de raisons de s’inquiéter. Une famille avec ses drames et ses habitudes, ses priorités et ses peurs. Une famille qui l’attendait et qui l’a choyée.

Elle est arrivée dans une famille encombrée par son amour. Quand on peine du matin au soir pour supporter un jour de plus, on n’a pas le temps de profiter de l’amour. L’amour est utile. Sexuel, il crée la génération suivante ; tendre, il atténue les drames et apporte réconfort ; léger, il remercie et s’étale pour prouver à la société que la famille est dans les clous. Hors de ces moments-là, l’amour est du temps perdu. Les priorités sont ailleurs.

Elle est arrivée sur Terre libre et heureuse. Elle y est restée coupable et inutile. Que faire de ces tonnes de bel amour dont personne ne voulait ? Il n’était jamais assez bien. Pas assez dévergondé, pas assez sage, pas assez triste. Elle ne savait que faire de tout cet amour. Les autres lui renvoyaient un pas assez alors qu’elle ressentait un trop-plein. Trop d’explications à fournir et trop d’amour à donner.

Elle est arrivée sur Terre naïve et joyeuse. Pourquoi cacher qui l’on est lorsque l’on porte un si bel amour ? S’il est mal reçu, c’est qu’elle ne sait pas le présenter. Elle s’adapte, force le trait, suit les règles, celles qui sont écrites et même celles qui ne le sont pas. La situation ne s’arrange pas. Alors elle l’enferme. Un peu tous les soirs au début, pour ne pas déranger les voisins. Puis un peu dans la journée, pour ne pas gêner ses collègues. Et un peu tout le temps, car il y a toujours une tristesse qui traîne et qui pourrait en prendre ombrage.

Elle est arrivée sur Terre avec un wagon d’amour et elle a perdu la clé. À force de l’éviter, il s’est effacé et elle ignore comment le retrouver. Elle en a tant besoin ici et maintenant, pour remonter la pente. Pour raccrocher pas après pas toutes les jolies émotions qu’elle a mises de côté. La spontanéité, le rire, la curiosité, la tendresse, la joie. Tout ce qui constitue le cœur de son être.

Elle est arrivée sur Terre pour la libérer. Des peurs et des croyances, des blocages et des faux-semblants. Pour inspirer les êtres à se révéler. À apporter au monde leur vérité. Leur véritable identité.

La petite fille a retrouvé la clé de son amour. Il est encore plus beau qu’avant car il a grandi avec elle. Il est généreux et attentif. Il s’ouvre aux autres et accueillera tous ceux qui en ont besoin. Elle rayonne de ce cadeau retrouvé et se promet de ne plus jamais l’enfermer.

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