Hier soir, comme un certain nombre de Français, j’ai regardé le match. Quart de finale de la Coupe du Monde de rugby, entre l’équipe de France qui joue à domicile et l’Afrique du Sud. Une affiche de bon augure, et un match qui a tenu ses promesses. Sauf que… la France a perdu. D’un point.
J’ai éteint la télévision et me suis retrouvée cernée par une sorte de bourdon. Un sentiment de malaise indéfini mais pas très agréable. Entendons-nous bien. J’apprécie le rugby, mais je ne suis pas une fan. Je peux passer des années sans voir un match, même si j’ai des souvenirs vibrants de Marseillaise chantée au stade de France. Et là, la tristesse s’installait. Discrètement mais avec détermination.
Déterminée moi aussi à me débarrasser de ça avant d’aller me coucher, je prends quelques instants pour observer ce que je ressens. Une énergie collective. Les prémices d’une gueule de bois pour tous ceux qui imaginaient déjà les Bleus en finale et en savouraient à l’avance les délices.
À ce moment-là, j’ai repensé à un film que je venais de voir (Voyage au cœur de soi de Cécile Hessler). L’un des intervenants y parle de passer du mode récompense/punition au mode joie/empathie et j’ai ressenti la profonde justesse de cet appel.
J’imagine que tout le monde est sensible à la récompense, en tout cas je le suis, ou plus exactement je l’étais. Recevoir des compliments, être reconnue, valorisée est agréable. Seulement, c’est une illusion à deux faces. La première, c’est qu’en choisissant ce mode, j’en accepte le prix. Et il est exorbitant. Car en cas d’échec, je passe du sommet du Mont-Blanc au gouffre de Padirac. J’ai tellement travaillé pour cette récompense que sa disparition me renvoie à mes doutes. Peut-être que le succès précédent n’était dû qu’à un coup de chance ? Peut-être que je ne brillerai plus jamais ? La deuxième, c’est que la récompense vous est offerte par l’extérieur. Bravo, vous avez gagné, vous êtes la star du jour, et tout vous réussit. Mais gare à vous si vous ne restez pas au top, car le gouffre guette. Vous vous trouvez sur le podium, c’est génial. Mais la dernière fois, vous étiez premier, que s’est-il passé avec cette troisième place ? L’extérieur vous renvoie l’image de vos doutes.
Alors j’expérimente un mode alternatif. Si je pose le calque joie/empathie sur les émotions du match, qu’obtiens-je ? Un mix joyeux et chaleureux, bien plus agréable que les montagnes russes précédentes.
Le déroulement de la soirée en détail :
J’avais envie de regarder le match et je l’ai fait. Joie validée. Le match était mouvementé et prenant. Joie validée. Je participais, à distance, à la ferveur nationale. Joie validée.
Ils ont perdu. Empathie. Le résultat ne changera pas ma vie, mais je comprends leur abattement. Ils ont travaillé pendant des années et l’issue n’est pas à la hauteur de leurs espoirs. J’aimerais leur dire que je les soutiens, et que le score final ne modifie en rien la joie que j’ai éprouvée en les regardant jouer.
Offrez-vous le mode joie/empathie. La joie ne dépend que de vous. Écoutez votre cœur et suivez vos inspirations, elle vous attend. Quant à l’empathie, elle vous récompense pour vos efforts. Elle les reconnaît et les valorise. S’ils n’ont pas suffi, vous vous remettrez au travail demain, mais pour l’instant, profitez d’un peu de chaleur. Soignez vos blessures et réconfortez-vous. C’est tout ce dont vous avez besoin.