C’est décidé, aujourd’hui je mets les pieds dans le plat.
À force de croiser des personnes qui me demandaient des conseils pour gérer leur stress, leurs problèmes de timidité, de communication ou leur difficulté à trouver leur place, et d’avoir un regard incrédule voir moqueur lorsque je leur donnais des solutions simples et efficaces, il était temps que je fasse le point sur la différence entre simplification et simplicité.
La simplification — Comment vous garder captif d’un concept extérieur
Tout le monde vous le dira, l’humanité cherche des solutions simples et rapides à tous ses problèmes, de poids, d’amour, d’argent, de renommée…
Comme il y a une demande et que, soi-disant, la nature a horreur du vide, l’offre s’est constituée. Dans tous les domaines. Vous pouvez trouver à tous les coins de rue, ou en tout cas avec un minimum de recherche via cet outil formidable et déformé qu’est internet, une solution miracle à toutes les questions que vous vous posez.
Ces solutions sont en général vantées à grand coup de publicité, de clients satisfaits, et avec l’assurance sereine d’un vendeur de rêve qui sait que si vous signez chez lui et que ça ne marche pas pour vous, vous hésiterez à 2 fois avant de vous déclarer en faux par rapport à ses dizaines, centaines ou milliers d’utilisateurs satisfaits…
C’est un business, et certains sont très doués pour ça.
Le problème principal n’est pas là, car nous pouvons tous apprendre à ne plus faire confiance à n’importe qui sous prétexte qu’il a une plus grande gueule que les autres. Non, le problème principal, c’est que ce genre de personnes vous en met plein la vue avec des discours, des références, des lectures, des formations, et la manière de vous expliquer qu’ils vous rendent service en vulgarisant un concept très pointu qui va révolutionner votre vie.
Mais leur vulgarisation, dans la grande majorité des cas, c’est une simplification bâclée.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu’ils ont trouvé un concept vendeur, un filon prometteur, et qu’ils l’ont édulcoré pour n’en garder que l’aspect extérieur, sans en avoir la saveur. Un peu comme un jardinier du dimanche va couper les branches qui le gênent dans sa haie, sans s’occuper de savoir si c’est la bonne saison pour le faire ou si l’arbre ou la plante vont le supporter.
Ils ont réalisé un élagage rapide et sans vision d’ensemble du concept en question. De l’extérieur, ça fait envie, mais de l’intérieur, c’est autre chose. Vous voyez la différence entre ces beaux fruits en photo sur les pots de yaourt, et les morceaux que vous trouvez en ouvrant l’opercule ? On est exactement sur le même principe. Je ne sais pas vous, mais moi, quand je cueille une fraise dans mon jardin et que je regarde celle qui est au fond du pot de yaourt, je sais laquelle m’attire le plus, même si elle m’a demandé plus d’efforts.
La simplification est ce qui reste du superficiel, lorsqu’on n’a pas le courage d’aller au fond des choses. Lorsqu’on regarde de loin, sans se mouiller, et qu’on ne veut surtout pas se compliquer les choses. Et ce qui est amusant à ce sujet, puisqu’il faut bien en rire, c’est que cela nous conduit à empiler les simplifications les unes sur les autres, car comme les applications spécialisées sur une tâche, les solutions simplistes sont à usage unique. Vous avez un nouveau problème à régler ? Reprenez donc une dose de solution miracle adaptée !
La simplicité — Construisez votre indépendance et faites vos expériences
Lorsqu’on parle de simplicité, le discours n’a plus rien à voir. L’objectif n’est pas de vous vendre un produit miracle le plus longtemps possible, mais au contraire de vous rendre autonome en vous donnant les clés de la simplicité extrême, celle qui se trouve au-delà de la difficulté, et non pas en deçà.
Il ne s’agit alors pas d’élaguer rapidement, mais au contraire de chercher le plus petit dénominateur commun, de revenir à l’essence-ciel.
L’essentiel quand on parle du corps physique, consiste en 2 choses : un cœur qui bat, et une respiration constante. Une inspiration puis une expiration, et ainsi de suite, dans un cycle continu et infini. C’est la base de notre mécanisme de vie.
Alors pourquoi sommes-nous si sceptiques lorsqu’on nous explique qu’une bonne respiration, profonde, consciente, peut nous aider dans beaucoup de situations ?
Parce que ça semble trop simple pour être vrai. Une solution aussi simple ? Utile dans autant de cas ? Nan… c’est pas possible ! Ça se saurait si c’était vrai… Et c’est comme ça que la publicité gagne, parce qu’on croit ce qu’elle nous dit, et pas assez ce que nous avons expérimenté (avec succès) nous-mêmes…
Une bonne respiration laisse le temps à notre cerveau de recevoir les informations qu’on vient de lui balancer sans ménagement. Ça lui laisse le temps de les digérer et de décider comment réagir. Ça laisse le temps de regarder les émotions que cela a suscitées en moi, et de les poser pour ne pas qu’elles encombrent les échanges.
Une bonne respiration, ça permet aussi de se reconnecter au corps. En cas d’émotions trop fortes. En cas de mental survitaminé et d’ego trop présent. En cas de perte de repères. La seule chose dont je suis certaine en cet instant, c’est que je suis profondément vivante. Revenir à l’essentiel, parfois, c’est ça. Retrouver les bases, les racines, avant d’aller voir plus loin.
La simplicité, c’est aussi les 3 étapes du changement, quelle que soit sa taille ou son importance. Seulement 3 : Voir la situation telle qu’elle est. L’accepter. Agir.
Simplicité ne veut pas dire facilité. Vous serez surpris, si vous ne l’avez pas encore expérimenté, de voir combien de temps nous pouvons passer sur chaque étape, à mesure que nous découvrons les poupées russes enfouies sous le premier niveau, celui qui est visible et que nous avons le moins de mal à percevoir.
Le travail reste le nôtre dans tous les cas. La solution a beau être simple, si vous ne bougez pas, rien ne se passe. Coluche disait « un con debout ira toujours plus loin qu’un intellectuel assis », rien n’est plus vrai.
La simplicité — Le travail de toute une vie
Lorsqu’un concept, un discours ou une phrase nous est opaque, inintelligible, incompréhensible, nous perdons pied, et c’est normal. Dans ce cas, deux questions sont à se poser.
Ai-je les connaissances nécessaires pour appréhender ce sujet ? Dans des domaines précis et pointus, hors de nos champs d’intérêt, nous pouvons manquer des informations élémentaires. Dans ce cas, une seule option, retroussons nos manches pour combler nos lacunes.
Mon interlocuteur fait-il l’effort de mettre les informations à ma portée ? Dans ce cas, il n’y a que deux réponses possibles : oui ou non. Un oui mais vaut un non, et un non mais reste un non. Cette question est encore plus importante quand la personne qui s’adresse à nous est censée être comprise par tous (enseignant, formateur, politique, journaliste…).
La bonne nouvelle, c’est que même si vous avez dit non à la première question, mais que vous avez oui à la deuxième, tout est à votre portée. Car la personne qui s’adresse à vous a alors fait le travail de simplicité essentielle, c’est-à-dire extraire de sa masse de connaissances spécialisées les détails concrets et nécessaires qui mettront le concept à votre portée.
La simplicité — Comment la reconnaître
Elle est tellement simple qu’elle vous semble évidente, comme ces maximes de bon sens, qu’on connaît sans leur prêter vraiment attention.
La simplicité ne s’imposera jamais à vous si vous ne faites pas le premier pas. Elle est là, et elle vous attend. Mais vous ne serez convaincu que lorsque vous l’aurez testée. Alors c’est à vous d’agir. Prenez le temps de le faire.
Regardez vraiment ce qui se passe avec les solutions simples. Des listes, à bon escient et avec les bons objectifs pour identifier plus facilement les choix à faire et les évidences profondes, des collages photos ou des dessins, pour laisser s’exprimer ce qui est prêt à sortir pour laisser la place au nouveau, une respiration profonde lorsque vous sentez que vous perdez pied… Cela ne vous empêchera pas d’avoir des problèmes, mais cela vous aidera à y faire face plus sereinement, et c’est déjà beaucoup !
La simplicité, on a tous l’impression de la connaître, et de la maîtriser, mais la prochaine fois que vous la croiserez, prenez un moment pour l’observer vraiment, et expérimenter la résonnance qu’elle a chez vous, vous pourriez être surpris…
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