Il arrive quelquefois qu’une belle journée nous permette d’aller chercher au plus profond de nous une vérité qui était prête à éclore.
C’est ce qui est arrivé à la petite âme. C’était une belle journée de printemps, ensoleillée. Elle avait résolu quelques problèmes, et avait un rendez-vous pour des problèmes de sommeil, et un coup de blues dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, ni à en décerner l’origine d’ailleurs.
Ne souhaitant pas passer par des médicaments allopathiques, elle avait pris rendez-vous en gemmothérapie et fleurs de Bach, un accompagnement centré sur les plantes, doux, et sans effets secondaires. Mais ce qu’elle n’avait pas envisagé ce jour là, c’est que, une fois de plus, elle allait plonger plus profondément dans son histoire pour aller y trouver l’origine de la tristesse profonde dont elle n’arrivait pas à se défaire.
Interrogée par le praticien, lorsqu’il fallut réfléchir à quand cette tristesse avait commencée, la réponse fut claire : elle avait toujours été là. Même plus jeune, même enfant. Il ne s’était pas passé une seule journée sans qu’elle soit là. Simplement, elle n’était pas visible, pas comme aujourd’hui. C’est là que la petite âme a, une fois encore, mesuré le chemin parcouru. Celui qui lui avait permis d’arriver jusqu’à cette tristesse, profonde et enfouie.
Mais alors, si elle avait toujours été là, d’où venait-elle ? « Je ne voulais pas être là ». Au moment où la petite âme a prononcé ces mots, elle les savait justes, profondément, entièrement. Les larmes qui coulaient maintenant sur ses joues le confirmaient. « Mais je ne pouvais pas le dire, ils étaient si contents de me recevoir ».
Et soudain, en quelques minutes et quelques mots, le dernier morceau du puzzle s’est posé, et elle a vu l’image dans son ensemble. Tout son travail pour poser les milliers de morceaux, les uns avec les autres, pour les replacer lorsqu’ils n’étaient pas au bon endroit, pour supprimer les morceaux d’un autre puzzle qui s’étaient mélangés… Ce travail de fourmi à tester, les uns après les autres, tous ces petits morceaux… et là, finalement, aujourd’hui, un jour comme un autre, le dernier morceau qu’on pose. Le moment où on va prendre du recul pour voir l’image d’ensemble, mais où déjà, on admire, morceau par morceau, le merveilleux assemblage réalisé.
Car ces deux petites phrases contiennent en elles seules toute sa difficulté à vivre. Son travail d’incarnation. Accepter d’être ici, maintenant, aujourd’hui. S’ancrer sur Terre. Et sa difficulté à s’affirmer. Être qui elle est, sereinement, jour après jour. Écouter les autres, mais s’écouter soi-même, avant tout. Ne pas se blesser pour épargner les autres.
La petite âme sait que le répit est provisoire. L’intérêt est dans la réalisation du puzzle, et demain ou un jour prochain, elle en commencera un autre. Mais en cet instant, là, tout de suite, elle savoure le chemin parcouru, et le but atteint. Pleinement et sereinement.
Demain sera un autre jour, et le soleil brillera de nouveau quelque part…