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Un mensonge peut en cacher un autre – chapitre 17 et fin

Un mensonge peut en cacher un autre

 

Chapitre 17) Surprise party

Lila et Bruno avaient passé l’après-midi à tout préparer après deux semaines de réflexions intenses pour savoir jusqu’où aller pour ouvrir les yeux de Tristan sur sa situation en porte-à-faux. Finalement, ils avaient convenu de ne rien faire pour l’obliger à sortir de son mensonge, mais plutôt de tester la tolérance d’Isabelle à un mode de vie différent. Lila était bien à la fois végétarienne depuis des années et amie avec deux bouchers !

Ils avaient donc mitonné un pot-au-feu à l’ancienne, pour Bruno, et une version végétarienne, pour les autres. Les deux plats mijotaient depuis deux heures et embaumaient l’appartement. Celui-ci avait une décoration spartiate que Lila n’avait pas manqué de souligner, mais lorsque Bruno lui avait appris son divorce et son emménagement en cours, elle n’avait pas insisté.

Lila s’était occupée de la table, joliment ornée et très gaie pendant que Bruno sortait le vin et les boissons. Lorsque la sonnette retentit, tout était prêt pour recevoir Tristan et Isabelle.

Après les présentations d’usage puisque Bruno n’avait jamais rencontré cette dernière, ils s’installèrent pour l’apéritif. La discussion resta légère et superficielle jusqu’au moment où Isabelle posa LA question attendue à Bruno.

« Et toi Bruno, que fais-tu dans la vie ? » Le blanc qui accompagna sa demande la surprit. « Il y a un problème ? J’ai dit une bêtise ?

— Non, pas du tout. » Bruno la rassura. « Je suis boucher charcutier.

— Oh. C’est intéressant. » Isabelle était concentrée sur Bruno et ne remarqua pas le soulagement qui accueillit sa réponse. Tristan était resté en apnée dès que Bruno avait prononcé le mot boucher. Lila lui donna un coup de coude et murmura. « Tu vois, ce n’était pas difficile finalement. »

Tristan n’en revenait pas que son ami ait osé en parler et que tout se passe bien. Bruno discutait fournisseurs, délais de conservation et satisfaction du client avec Isabelle. Pendant l’entrée, une salade composée de légumes bio, les échanges continuèrent. Isabelle, Lila et Bruno bavardaient comme de vieux amis tandis que Tristan observait la séquence de l’extérieur. Tétanisé à l’idée de commettre la moindre bourde, il ne savait pas comment s’intégrer dans le groupe ou se joindre au dialogue. Comme si le voile de mensonges et d’illusions qu’il avait dressé autour de lui l’empêchait de partager un moment simple avec des amis.

Lorsque le plat principal arriva, ce fut encore pire. L’entrée en scène des deux pot-au-feu le déprima un peu plus. Les compliments d’Isabelle sur la belle couleur de la viande et l’alléchante odeur du mets végétarien ajoutaient du sel sur des blessures déjà à vif. Au moment où il était prêt à exploser, la sonnette retentit.

« Tu attends quelqu’un d’autre ? » Lila regardait Bruno, agacée. Ils avaient passé deux semaines à préparer ce dîner, il n’était pas question de laisser qui que ce soit gâcher leur unique chance d’ouvrir les yeux à Tristan.

« Non. C’est peut-être Sophie. Je vais voir. » L’idée de croiser l’ex-femme de Bruno déplaisait encore plus à Lila. Elle aimait le confort de la relation qui s’était développée entre eux ces derniers jours et espérait même qu’avec le temps cela dépasse le stade de l’amitié. Entendant une voix féminine, elle tendit l’oreille.

« Mais si, entre, tu connais tout le monde. Tu ne vas pas rester dans le couloir, viens manger avec nous.

— Je ne veux pas vous déranger, tu as des invités.

— Ce sont Lila et Tristan, tu les connais déjà, c’est presque la famille. Et puis j’ai fait un pot-au-feu et tu adores ça. Pas de discussion, je t’apporte une assiette, installe-toi. »

L’invitée inattendue passa la porte. Marthe, la tante de Bruno, fit le tour de la table pour embrasser Lila et Tristan, puis sourit à Isabelle.

« Je suis ravie de vous revoir. Vous m’avez fait des cachotteries, je ne savais pas que vous connaissiez Bruno.

— Oh, non, je viens juste de le rencontrer.

— Vous allez voir, il est encore meilleur cuisinier que boucher ! Son pot-au-feu est un délice ! Je vous en mettrai un peu dans votre prochaine livraison si vous voulez. Bruno vous donnera la recette si vous lui demandez. » Un silence de mort accompagna sa déclaration. Bruno qui revenait de la cuisine avec une assiette supplémentaire se demandait s’il avait bien entendu. Tristan brisa le silence.

« Que veux-tu dire Marthe ?

— Comment ça ?

— Vous vous connaissez déjà toutes les deux ?

— Évidemment, c’est une cliente. » Un nouveau silence s’installa. Marthe se demandait si elle avait commis un impair quand Isabelle la libéra.

« C’est vrai.

— Tu achètes de la viande. » Lila était soufflée. « Mais qu’en fais-tu ?

— Je la mange.

— Pardon ? » Alors ça, c’était la meilleure ! Lila avait certainement mal compris, ce n’était pas possible que tout cela ne soit qu’un malentendu ? Mais Bruno s’affala sur sa chaise, riant aux larmes. Elle se joignit bientôt à lui, rattrapée par le comique de la situation. Tristan était mortifié, tandis que Marthe et Isabelle restaient perplexes devant cette soudaine hilarité.

Lorsque la crise de rire fut passée, Isabelle découvrit avec surprise que son petit mensonge par omission en avait provoqué un autre. Elle qui avait peur d’annoncer à Tristan qu’elle n’était pas complètement végétarienne apprenait que non seulement lui non plus, mais qu’il était boucher !

C’est Marthe qui résuma le mieux la situation en déclarant « un mensonge partout et la vérité au centre. Bon on le mange ce pot-au-feu ou pas ? » Bruno se demanda s’il y aurait assez de viande pour tous puis écarta cette pensée, il y aurait en tout cas suffisamment de légumes.

FIN

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