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Ma différence

Ma différence, Sandrine Walbeyss

Ça fait longtemps que je cherche qui je suis. Que je m’observe à travers les autres, et que je me regarde selon leurs critères.

Comme je n’ai plus vingt ans, j’ai beaucoup progressé dans la connaissance de moi-même, de ce qui me convient, ou pas, et de ce qui me fait vibrer. Comme un certain nombre de personnes, je suis passée par le syndrome du sauveur, par celui de l’imposteur, par des problèmes d’ancrage et tout un tas d’expériences que je ne vais pas détailler ici. Mais il y en a un, dérivé du syndrome de l’imposteur, qui me tient compagnie depuis un certain temps. La peur que les autres me voient telle que je suis.

Cette peur, c’est celle d’être rejetée parce que je suis différente, celle d’être mise à l’écart parce que je ne rentre pas dans le cadre. À chaque fois que je pense avoir résolu le problème, une nouvelle expérience se présente, sous un angle différent.

Celle d’aujourd’hui m’étonne, mais elle explique beaucoup de choses.

Depuis quelques semaines, je suis entrée en phase d’écriture intensive. Mon prochain livre avance, mais j’ai aussi besoin de me changer les idées. La lecture est mon loisir favori, mais comment entrer dans l’univers de quelqu’un d’autre alors que je suis immergée dans le mien ? J’ai donc choisi de relire le livre « Dessiner avec le cerveau droit » de Betty Edwards, dont j’ai déjà parlé dans quelques articles, et de refaire les exercices proposés. Passer à une activité « manuelle » me semblait pertinent pour m’aérer l’esprit, mais je n’imaginais pas à quel point.

L’édition de 2004 du livre présente Roger W. Sperry dont Betty Edwards s’est inspirée pour ses ateliers de dessin. J’avais déjà lu ce livre deux fois, mais cette fois, une évidence m’est apparue. Lorsqu’elle explique les différentes capacités des 2 zones du cerveau (la gauche qui commande la main droite, logique, analytique, rationnelle et attentive aux détails, et la droite, qui commande la main gauche, synthétique, concrète, globale et intemporelle), j’avais intégré le fait qu’étant droitière, mon cerveau gauche dominait. Et en effet, je peux être organisée, logique et raisonnable.

Pourtant, dans ma vie quotidienne, j’ai souvent constaté que ma logique ne correspond pas à celle des autres. J’ai aussi du mal à retenir les détails, et mon mari plaisante souvent sur ma mémoire de poisson rouge. Et hier, en relisant cette partie du livre, j’ai remarqué que mes « symptômes », ceux qui étonnaient mes interlocuteurs ou mes collègues, correspondaient au fonctionnement du cerveau droit, lorsqu’il essaie de faire un exercice pour lequel il n’est pas « armé ». C’est alors que je me suis rendu compte de la situation. Tout est devenu clair. Chez moi, même droitière, c’est le cerveau droit qui domine. Cependant, pour ne pas se faire remarquer, il a tenté de fonctionner comme le cerveau gauche pendant des années.

Cela explique pourquoi les années de lycée ont été plus difficiles que celles de collège. L’enseignement y est beaucoup plus théorique, centré sur le raisonnement et les explications logiques dans lesquelles mon cerveau droit se sentait perdu. Cela explique aussi pourquoi je ne retiens pas le détail des conversations (en particulier les informations liées à la santé). N’ayant pas de formation médicale, tout cela est trop abstrait pour mon cerveau droit qui s’attache à la globalité de la situation et à une synthèse de l’instant présent. Cela explique enfin pourquoi mes logiques de classement (que je trouve parfaites) sont parfois inattendues pour mon entourage. J’ai du mal à appliquer des règles toutes faites de A à Z. Ce que j’aime, c’est m’approprier les informations et les utiliser à ma manière.

Quant à savoir ce qui se passe pour l’écriture… il est fort probable que, là aussi, ce soit le cerveau droit qui domine. Pourquoi ? Parce que personne n’a jamais détecté le moindre don pour l’écriture pendant ma scolarité. Le système scolaire, tel qu’il est construit aujourd’hui (et depuis des décennies), est adapté pour le fonctionnement du cerveau gauche. En France, pays de Descartes, la raison prime. Il faut donc être logique et ordonné. Savoir reproduire des suites d’actions fidèlement pour obtenir un résultat.

Mon écriture s’est développée avec ma recherche personnelle. Mon style est synthétique et global, comme ma perception du monde. Les longues descriptions de paysages ou les détails précis des ornements décoratifs me sont inconnus. J’esquisse une ambiance, un aperçu, et j’installe mes histoires.

Et de quoi parlent-elles ?

De cheminement personnel bien sûr !

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