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Le rêve de Nicolas – Ch 50

Le rêve de Nicolas, un roman de Sandrine Walbeyss

Je marche seul

Nicolas remontait dans la voiture. Il n’était pas beaucoup plus avancé. Il avait passé deux jours à déposer des CV dans la campagne, sans résultat. Son moral s’était cependant amélioré. En ville, tout le monde était pressé, stressé. Ici, il recevait au moins un sourire. Ce n’était pas grand-chose, mais ça suffisait à lui donner le courage de continuer. Il regarda sa liste. Il avait encore trois adresses dans le coin. Il jeta un œil sur son plan, la première ne se trouvait qu’à trois kilomètres.

Lorsqu’il aperçut le panneau d’indications sur la grand-route, Nicolas apprécia la clarté des informations, les couleurs attractives et évocatrices. Il se gara sur le parking sablé. Il attrapa son sac et décida de faire un tour avant de déposer son CV.

Il traversa la zone réservée aux plantes de saison en pot, contourna les plants de légumes et se dirigea vers les arbres. Il pivotait parfois sur lui-même pour s’imprégner de l’ambiance. Il ferma les yeux, humant les odeurs. La terre mouillée aux pieds des plantes, les écorces à la surface des bacs. « Je peux vous aider ? » Il sursauta. « Pardon ?

— Vous cherchez quelque chose ? » La femme qui lui posait la question devait avoir l’âge de sa mère. Elle portait les cheveux relevés en chignon, de larges lunettes qu’elle remontait sur son nez d’un doigt terreux.

« Je… Non, pas vraiment. » Flûte. Nicolas s’en voulut de ne pas arriver à s’exprimer plus clairement. Avec sa formation de commercial, c’était un comble. Puis il se détendit, après tout, il n’avait rien à perdre. Tout ce qu’il risquait, c’était un refus. « Je cherche une entreprise pour mon BTS en alternance. 

— Vous n’êtes pas un peu vieux pour un BTS ? »

Nicolas sourit. « C’est une reconversion.

— Ah. C’est courageux. » Elle se gratta le nez, laissant quelques traces de terre en plus. « Vous devriez aller au bureau. Vous contournez le hangar là, et c’est tout de suite à gauche. Bonne chance ! »

Nicolas suivit ses indications et entra dans un hall avec un bureau et des plantes en pot. Personne. Il hésitait à appeler quand un homme sortit du couloir et passa à côté de lui sans dire un mot, claquant la porte au passage. Nicolas n’eut pas le temps de réagir avant qu’un second homme, plus âgé, arrive lui aussi. « Vous cherchez quelque chose ? » Son visage contrarié s’était adouci pour poser la question. Il semblait sincèrement soucieux de savoir s’il pouvait aider. « Je cherche une entreprise pour un BTS en alternance, j’ai vu quelqu’un dehors qui m’a dit de venir ici.

— Hm. » Il réfléchit. « Vous commencerez en septembre n’est-ce pas ?

— Heu, oui.

— C’est dommage, c’est un peu tard. Un de mes employés vient de démissionner sans préavis, alors je vais devoir trouver une solution rapidement.

— Je peux commencer la semaine prochaine.

— C’est vrai ? » Le soulagement qui accompagnait la question était réel. « Vous avez le temps ? Oui ? Parfait, venez avec moi. Nous devons parler sérieusement. »

Lorsque Nicolas repartit, trois heures plus tard, il n’en revenait pas. Quelle était la probabilité qu’il arrive au hasard dans la pépinière dont lui avait parlé le père de Salomé, juste au moment où une place se libérait ? En quelques heures, tout avait changé. Il était arrivé chômeur, à la recherche d’une entreprise pour son BTS, incertain de son avenir. Il repartait heureux, son contrat signé, avec un travail qui l’attendait et un patron prêt à le soutenir dans ses études.

Il monta le son de la radio. Je marche seul. Tellement inadapté à cet instant qu’il en rit. Tout irait bien. Il n’avait plus à marcher seul.

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