Temps perdu
Nicolas était installé devant son ordinateur portable, un bloc-notes à la main. Il élargissait ses recherches. Il avait commencé par un rayon de quinze kilomètres, mais cela n’ajoutait que peu de possibilités. S’il pouvait pédaler quarante minutes pour aller au boulot, il pouvait accepter le même temps de trajet en voiture. Cela devrait lui ouvrir d’autres horizons.
Muni de cette nouvelle résolution, il modifia ses critères de recherche. Banco ! Entre les sociétés d’espaces verts, paysagistes, mairies… il avait plus de quarante adresses supplémentaires ! En relevant leurs coordonnées, il se mit à rêver. Tant de noms évocateurs l’emmenaient dans leur sillage, le bocage, la rivière, les plaines, les collines. Tel un oiseau, Nicolas ne touchait plus terre. Il se baladait au fil des saisons, émerveillé par les premiers bourgeons d’un pommier et les couleurs d’automne d’une vigne vierge. Il sentait sur son visage la douceur du soleil printanier, la texture particulière de la brume d’hiver, les giclées des giboulées de mars. Il marchait dans la boue, qui collait la semelle de ses bottes au creux de la terre, sur le sable épandu dans les allées pour les visiteurs. Il avait les mains calleuses, des mains qui travaillaient dans le froid ou la chaleur, toujours au contact des plantes. Des mains pour semer les graines, tailler les branches, prendre soin du tronc. Lorsque Nicolas revint à son quotidien, deux heures avaient passé, mais il n’avait pas perdu son temps. Sa motivation était raffermie et il entendait bien se donner les moyens de ses rêves.
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