La forme et le fond
Nicolas démarchait toutes les entreprises vaguement en lien avec les espaces verts, les plantes ou le plein air depuis une semaine. Il s’était préparé une pile de CV, et il sillonnait la ville pour les déposer en personne.
Jusqu’ici, la récolte n’était pas terrible. La seule piste intéressante était la jardinerie du centre commercial, à qui sa double formation commerce/espaces verts plaisait beaucoup. Ravi d’avoir une touche, Nicolas était sorti souriant, pour se retrouver à tousser, enfumé par les gaz d’échappement d’un camion de livraison du magasin de meubles d’à-côté. S’écartant de quelques pas, il prit le temps d’observer la vue. Un parking bitumé, avec quatre pauvres érables dont le tronc indiquait une croissance forcée en hauteur, sans leur laisser le temps de s’installer ni de s’étoffer. De l’autre côté des voitures, des façades métalliques entrecoupées de panneaux publicitaires et d’enseignes aux couleurs criardes. Il se retourna vers la jardinerie. La vitrine permettait d’apercevoir les plantes à l’intérieur. Une féerie de verts attirante qui l’avait séduit. Mais d’ici, environné d’espaces minéraux et stériles, il ne se sentait pas à l’aise. Tant pis.
Il reprit son vélo, ajustant les bretelles de son sac à dos, vers la prochaine étape de sa liste. Il ne lui restait que quatre adresses dans le rayon de trente minutes à vélo qu’il s’était fixé. Il n’était pas interdit d’avoir de la chance.
————————-