Réunion de famille
Nicolas avait compté sur Salomé pour dissiper l’attention autour de sa décision professionnelle. Elle connaissait déjà Mathias, mais il était temps de passer à l’étape suivante. Un déjeuner du dimanche avec ses parents lui avait semblé idéal. Pas trop de pression pour elle, et une évolution en douceur pour lui. Il avait remarqué que son père fonctionnait au ralenti sans l’appui de Roger. Il arrivait donc détendu, prêt à passer un bon moment en famille. Lorsque Jonquille vint leur ouvrir la porte, il avait déjà chuchoté à Salomé « Ils sont tous là.
— Comment tu sais ça ?
— La clio garée devant, c’est la voiture de Clarisse. Si elle a la clio, ça veut dire qu’elle a amené Jonquille.
— Pourquoi ?
— La dernière fois que Roger est passé chercher ma grand-mère avec sa Mercedes, elle a vomi dans la voiture. Depuis il refuse qu’elle y mette les pieds. » Salomé rit. Nicolas soupira. Elle avait l’air tellement moins stressée que lui. La seule chose qui lui remontait le moral était que si Jonquille était là, Marcelle et Jean le seraient peut-être aussi, à condition qu’ils ne soient pas partis à l’autre bout du monde. « Ça va bien se passer Nico, détends-toi. » La vue de son frère qui grimaçait dans le dos de l’aïeule le fit sourire. Dès qu’il fut à portée de voix discrète, il lui demanda « C’est à ce point ?
— Tu n’imagines pas. Le trio infernal est arrivé à onze heures, alors autant te dire qu’ils sont chauds patate.
— Marcelle n’est pas là ?
— Non. Ils avaient un truc prévu au club de bridge. Ils passeront pour le café, mais elle te transmet tout son courage.
— Hm. J’imagine. Ils ramasseront les morceaux.
— Les tiens peut-être, mais pour elle, ne t’inquiète pas ! » Mathias désignait de l’épaule Salomé. Elle discutait avec une Jonquille ravie d’être le centre d’attention. Voyant le regard des garçons, la jeune femme leur adressa un clin d’œil et articula silencieusement « je gère ». « Tu sais que t’es un veinard ? Elle va tous se les mettre dans la poche. Elle est jolie, drôle, intelligente, et en plus avec son boulot, elle sait parler aux vieux, que demander de plus ?
— Que papa soit aphone et que Roger ait la gastro ?
— T’es con, ils sont pas si mal.
— Tu dis ça parce que t’es pas dans le collimateur, attends que ce soit ton tour, tu verras !
— Ben justement, mon tour pourrait arriver plus tôt que prévu.
— Tu vas leur dire ?
— Il serait temps, non ? Ça va faire deux ans. J’en ai ma claque des bobards.
— Tu leur dis aujourd’hui ?
— Je sais pas encore. Ça t’embêterait ? » Nicolas hésita une seconde. « Non. »
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