Marchandage
« Alors ?
— ça y est.
— Comment tu te sens ?
— Soulagé. » Nicolas sourit. Il ne s’était pas rendu compte à quel point la situation lui pesait. Avoir annoncé sa décision à Lambert lui enlevait un poids. Il se sentait plus léger, prêt à changer d’air, de vie. S’il ignorait encore vers quoi il allait, il savait parfaitement ce qu’il laissait derrière lui.
« Bravo, je suis contente pour toi.
— Merci Suzie. Avec Lucie, vous êtes la seule chose qui va me manquer.
— Tu finis quand ?
— À la fin du mois. » Trois semaines. C’était court, mais il n’avait pas envie de s’éterniser. Maintenant que la décision était prise, il était pressé d’aller de l’avant. En nettoyant les tables, il repensa à sa discussion avec Salomé. Cette fille était incroyable. Dès qu’il avait émis la possibilité de refuser les boulots que Lambert lui offrait, elle avait commencé à réfléchir à ce qu’ils pouvaient changer pour vivre avec un seul salaire et ses indemnités. Un seul appartement, c’était évident. Elle avait fait des tableaux avec les plus et les moins, quels meubles garder, combien ils pouvaient espérer vendre les autres…
Il était soudain pris d’un doute. Était-il trop heureux en couple ? Sa mésaventure au travail compenserait-elle sa rencontre avec Salomé ? Il n’hésita pas. Si c’était le cas, tant pis pour la reconversion.
Sitôt les mots pensés, il commença à marchander. Si je pouvais quand même avoir un boulot, ce serait chouette. Un emploi qui me plairait, ce serait encore mieux. C’est possible non ? Y’a bien des gens qui sont heureux au travail et en dehors. Promis, je ne demanderai rien de plus.
Ou alors juste deux-trois trucs, pas grand-chose. Un appartement sympa, pas trop de factures, des amis fiables, pas comme Lulu. Peut-être un chien aussi ? Tiens, je ne sais pas si elle aime les chiens. Il faudra que je lui pose la question.
Bon on est d’accord là ? Salomé, un boulot qui me plaît, et des petits extras, c’est possible ?
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