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Le rêve de Nicolas – Ch 33

Le rêve de Nicolas, un roman de Sandrine Walbeyss

Moment de solitude

Salomé venait d’arriver chez Nicolas. Il lui avait envoyé un SMS pour la prévenir qu’il ne la rejoindrait pas pour déjeuner. Elle n’avait pas eu de nouvelles de l’après-midi. Aucune réponse à ses messages. Elle était tombée sur le répondeur quand elle avait appelé.

Elle entra avec sa clé, sans faire de bruit, au cas où il se reposerait. Elle accrocha son manteau sur la patère de l’entrée et posa ses escarpins. Elle n’entendait aucun bruit. Elle avait vu son vélo sur le palier, trempé, et des traces d’eau menaient de l’entrée au salon. S’il n’était pas là, il était au moins passé dans la journée. Elle avança. « Nico ? » La forme prostrée sur le canapé ne pouvait être que lui. Il n’avait posé ni ses chaussures ni son blouson. L’eau ruisselait sur le revêtement en imitation cuir. Elle s’approcha, tendant la main vers lui, « Nico ? Qu’est-ce qui se passe ? Parle-moi. » Elle s’assit à côté de lui, inquiète. Y avait-il eu un problème dans sa famille ? Elle tenta de se rappeler ce qu’elle en savait. Une maladie grave ? Un décès ? Lorsqu’il la regarda, elle nota les yeux rouges, gonflés de larmes. Elle le prit dans ses bras, insouciante des tissus mouillés, accaparée par la douleur qu’elle lisait dans ses yeux. « C’est ta famille ? » Il secoua la tête. « La formation ? » Un hochement affirmatif. « Tu n’as pas été pris ?

— Si. » Il rit entre deux hoquets de larmes. Quelle ironie. Si, il avait été pris.

« Je comprends pas. C’est une bonne nouvelle, non ? 

— Oui. Sauf que je n’ai plus de maître d’apprentissage.

— Comment ça ? Lulu avait dit qu’elle te prendrait. Tu l’as appelée ?

— Je suis même allé la voir. Elle a changé d’avis. » Partager sa peine avec Salomé lui faisait du bien. Laisser sortir les émotions trop lourdes pour une seule journée les allégeait un peu. Et la réaction de Salomé lorsqu’il lui raconta le détail de l’entrevue fut sans appel. La salope. C’est ma meilleure amie, mais là elle exagère. Je vais l’appeler. Nicolas l’en avait dissuadé. Il savait que ça ne servirait à rien. Pour l’instant, il avait juste besoin de pleurer sur ses illusions perdues et de se sentir aimé quand même.

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