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Le rêve de Nicolas – Ch 17

Le rêve de Nicolas, un roman de Sandrine Walbeyss

Bonne soirée

Nicolas rêvassait en nettoyant les tables quand un coup de coude le fit sursauter. « Eh, ça va pas non ?

— Moi si, mais ça va finir par se voir que tu frottes toujours la même table ! » L’éclat de rire qui accompagnait la remarque ramena Nicolas à la réalité. Depuis qu’il avait dîné avec Jessica trois jours plus tôt, il ne pensait qu’à ça. Il ne l’avait pas recroisée. Il ne pouvait même pas l’appeler puisqu’ils n’avaient pas échangé leurs numéros. Passant à la table d’à côté, il sourit. La soirée s’était très bien déroulée. Ils avaient parlé de tout et de rien, se rendant compte qu’ils avaient des amis et des centres d’intérêt en commun. En plus d’être jolie, elle était sympa et drôle. À ce rythme, aucun risque qu’il pense à quelqu’un d’autre. D’ailleurs il n’en avait pas envie.

« Fais gaffe Nico, celle-là aussi tu l’as déjà faite. » Cette fois c’était à peine un murmure, mais Nicolas remarqua que la boutique s’était remplie depuis la dernière fois qu’il avait prêté attention à son travail. Levant les yeux sur l’horloge murale, il se rendit compte que quarante minutes étaient passées. Oups. Il aurait dû finir la salle et sortir les poubelles pour le ramassage. Attrapant son torchon après un dernier coup sur la table, il se dépêcha de passer dans la réserve. « T’inquiète pas, je les ai sorties.

— Merci, Lucie, je te revaudrai ça.

— J’y compte bien ! »

La journée était enfin finie. Nicolas saisit son blouson et ses gants et se dirigea vers la sortie du personnel. « Salut, les filles, à demain ! » Lorsqu’il arriva à l’extérieur, il se rendit compte que la température avait baissé. Il mit son bonnet et regarda machinalement vers la salle de danse, se demandant à quelle heure Jessica finissait. « Bouh ! » Il sursauta si fort qu’il se cogna au lampadaire sur lequel il avait appuyé son vélo.

« Désolée, ça va ? » Jessica ! Bien sûr que ça allait.

« Heu, oui. » Nicolas se frotta la tête. Le réverbère avait gagné la manche, mais il voulait bien avoir des bosses sur le crâne si c’était nécessaire pour la voir. « Et toi ?

— Super. Je me disais…

— Tu as des… pardon, vas-y. » Qu’est-ce qu’elle est jolie !

« J’ai pas beaucoup de temps, mon cours va commencer, mais c’était sympa l’autre jour, non ?

— Oui. » Développe mon vieux, on croirait un handicapé de la communication !

« Si tu veux on pourrait remettre ça ? Je te donne mon numéro, tu m’appelles ? » Évidemment que je t’appelle, depuis le temps que j’en rêve. « Bon, bonne soirée alors, salut ! »

Lorsqu’il arriva chez lui, Nicolas souriait toujours. Heureusement qu’on était en hiver. Avec un sourire comme ça, en plein été, il aurait avalé tous les moucherons de la ville. Dans l’escalier, il trouva son frère assis sur les marches. « Ah quand même ! Je poirote depuis quinze minutes, t’aurais pu prévenir que t’étais en retard Nico. Grouille, les autres nous attendent. » Merde ! La soirée jeu de société. Il avait complètement zappé. « Désolé, tu me donnes cinq minutes pour me rafraîchir ? Entre. » Nicolas rangea son vélo et passa dans la salle de bains avec une chemise propre. « Y’aura qui ?

— Sophie et Laurent, Ben et Ismaël, Lulu avec une ou deux copines et Jean-Luc.

— C’est chez qui aujourd’hui ?

— Lulu. J’ai pris une bouteille de vin.

— On n’offre pas plutôt des fleurs à une fille ?

— C’que tu peux être vieux jeu Nico, ça c’est fini, et puis entre nous, Lulu, elle aimera mieux un bon bordeaux qu’un bouquet de roses, elle est fleuriste ! Bon t’es prêt ? On y va ? » Nicolas attrapa sa veste et ferma la porte, anticipant une longue soirée. Pour une fois, il serait bien resté chez lui avec ses rêves.

Quand ils arrivèrent chez Lulu, la soirée avait déjà commencé. Ils entendaient les rires depuis la rue. Ils sonnèrent, et une voix déclara « J’y vais ! » Une jolie brune vint leur ouvrir. « Salut, Mathias, ça va ? Tu dois être Nico, moi c’est Salomé. Entrez ! » Envoûté par les yeux rieurs qui les accueillaient, Nicolas pensa que la soirée s’annonçait mieux que prévu.

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