Bernadette
1h28.
2h35.
3h22. Nicolas se demanda si la répétition des nombres avait une signification. Il était réveillé depuis plus de deux heures. Quelle galère. Et en plus, il commençait à 6h30. Pff. Il se retourna une nouvelle fois, tentant de trouver une position où le sommeil arriverait. Peine perdue.
Tout ce qui venait était des pensées dont il ne voulait pas. Pourquoi à vingt-huit ans n’avait-il pas de copine ? Était-il heureux au travail ? Fallait-il qu’il fasse plus d’efforts pour donner un sens à sa vie ? Il pouvait bien quitter son boulot, mais pour faire quoi ?
4h15. Plus qu’une heure trente avant de se lever. Non seulement il n’avait aucune réponse, mais en plus il allait avoir la tête dans le cul. Suzie n’avait pas fini de le chambrer.
Bzz, bzz, bzz. Quoi ? Le réveil, déjà ? Nicolas stoppa l’alarme et se retourna. C’était beaucoup trop tôt. Quelques minutes plus tard, il alluma la radio pour voir l’heure.
Bonjour, vous êtes sur France Inter, il est six heures. Les informations, Bernadette Chamonaz. Quoi ? Merde ! Nicolas donna un coup rageur sur le réveil et se leva en catastrophe. Cette fois, il allait vraiment être à la bourre ! Il fonça dans la salle de bains, calculant ses chances d’arriver à coincer douche, rasage, habillage et temps de trajet en trente minutes. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, ça ne tenait pas. Seule solution, supprimer une étape. Il avait déjà sucré le p’tit déj. Quoi d’autre ? Le rasage ? Il se regarda dans la glace, pas une bonne idée. La douche ? Un reniflement rapide des aisselles l’en dissuada tout autant. Le trajet ? C’était la meilleure idée. Enfin pour lui, pas pour son compte en banque. Lambert ne lui ferait pas de cadeau, c’était déjà la quatrième fois ce mois qu’il se faisait prendre. Il se pencha pour vérifier l’heure, déjà 6h04. Merde.
Bzz, bzz, bzz. Quoi, encore ? Il avait pourtant arrêté ce foutu appareil. Au moment où Nicolas revoyait la scène, il se rendit compte que ce n’était pas le réveil, juste un SMS. Quoi qu’il en soit, son réveil n’avait pas sonné et il allait être en retard. La raison importait peu finalement. Un doute effleura soudain son esprit. Bernadette Chamonaz ? À cette heure-ci ? Il y avait des grèves à France Inter ? Puis il comprit. Le réveil qui ne sonne pas, et Bernadette Chamonaz ? Aucun doute, on était samedi. Rassuré, Nicolas se recoucha, décidé à finir sa nuit.
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