La douleur de l’isolement n’est pas la solitude.
La solitude c’est se retrouver seul, face à soi, cerné par ses peurs, ses espoirs, ses douleurs et ses rêves. Avec un peu d’empathie et de bienveillance, cette solitude est une amie. Elle me permet de regarder ce qui m’arrive, de le soupeser, de le supporter.
La solitude est mon amie lorsque j’ai fait la paix avec moi-même. Lorsque j’accueille qui je suis et que j’ose plonger un peu plus profond dans mes zones d’ombre.
L’isolement c’est autre chose.
L’isolement c’est se retrouver seul au milieu de la foule. Mis à l’écart. Rejeté. Oublié.
L’isolement c’est parfois la douleur combinée de la solitude si j’ai du mal à m’accepter et de l’identité qui m’est refusée par les autres.
L’isolement c’est être avec les autres sans faire partie de leur monde.
Je peux choisir de rompre la solitude si elle me pèse, il ne tient qu’à moi d’aller vers les autres.
Rompre l’isolement est plus douloureux. Je ne peux pas obliger les autres à me prendre en compte. La seule manière de rompre l’isolement est d’aller vers moi. De chercher l’origine de la douleur insoutenable et de la peur immense de ne pas être accepté comme je suis.
La douleur de l’isolement est contagieuse. Si j’ai souffert de l’isolement, il est tentant de vouloir l’imposer à mes bourreaux. Mais ce n’est jamais une solution. Au fond de moi je sais qu’être isolé dans un groupe ou mettre quelqu’un d’autre à l’écart sont les deux faces d’une même peur.
Je ne peux pas obliger les autres à changer, mais je peux leur montrer qu’une autre voie est possible.
Si la solitude est mon amie, comment transformer l’isolement douloureux en solitude ?
En retournant chercher l’origine de cette douleur. La peur intense de montrer qui je suis et de ne pas être accepté. La panique à l’idée que cet isolement pourrait s’aggraver s’ils savaient réellement qui je suis. Le mur que mes peurs construisent autour de moi pour éloigner les autres et éviter la douleur. Cette douleur qui s’accroît à mesure que le danger devient plus flou, plus lointain, moins précis.
La distance du souvenir entretenu par les peurs est effrayante. Elle nous empêche d’avancer et de remettre à jour notre référentiel interne avec les nouvelles expériences vécues. Elle est enfermée sur un problème qu’elle imagine sans solution.
La douleur de l’isolement, c’est une plaie ouverte. Une plaie qui saigne mais qu’on ne peut pas soigner tant qu’on n’accepte pas de la regarder en face.
Je suis une âme joyeuse, bienveillante et fraternelle. Je ne suis pas parfaite. Il m’arrive d’être mal à l’aise, de ne pas savoir comment faire ou de douter. J’ai peur de ne pas rentrer dans le cadre, de me faire remarquer et d’être mise à l’écart. J’ai peur de monter qui je suis et d’être laissée de côté, de ne pas être acceptée.
Tiens ?
C’est exactement ce qui se passe.
Je ne montre pas qui je suis, je me cache pour éviter d’être vu, je ne veux pas lâcher ce mur qui me protège du regard des autres. Et je souffre de cet isolement.
Je ne peux pas agir pour les autres, mais je peux agir pour moi. Pour lâcher ces peurs et ce mur qui m’ont conduit tout droit à ce que je voulais éviter. Et si pour éviter l’isolement il suffisait d’oser être qui je suis ?