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La responsabilité

L’apprentissage le plus difficile de ma nouvelle vie est celui de la responsabilité.

Je suis responsable de tout ce qui m’arrive, le bien comme le moins bien. Le bon côté des choses, c’est qu’en acceptant cette responsabilité, je me donne le pouvoir d’agir. Si je deviens le metteur en scène de ma vie, je peux changer ce qui ne me convient pas, et ça, c’est une faculté extraordinaire.

Mais c’est une leçon difficile. Cela veut dire que je ne peux plus blâmer mon environnement, le gouvernement, mon patron, mon voisin, mon conjoint… pour ce qui se passe dans ma vie. Et ça, le petit Calimero qui se balade avec moi n’est pas toujours prêt à le lâcher. C’est tellement confortable de rejeter la faute sur les autres. Ça m’évite d’avoir à changer puisque ce sont eux la source du problème. Cependant, en leur laissant le pouvoir d’influer sur ma vie, je leur abandonne aussi les moyens d’action.

Et ça, c’est extrêmement inconfortable sur le long terme. Car mon âme rêve d’autre chose. Autre chose que de me lever le matin pour un travail qui ne me passionne pas, même s’il a de bons côtés. Autre chose que d’attendre à bout de souffle le week-end ou les vacances pour me reposer, enfin non, pas tout à fait, puisqu’il y a toujours quelque chose à faire, des obligations familiales, associatives, ménagères…

Parfois, préparer à manger trois fois par jour devient une contrainte insurmontable. Mon âme étouffe. Elle rêve de liberté, de lecture, d’écriture. De toutes ces choses qui me nourrissent et me permettent de supporter les impératifs nécessaires à la vie parce qu’ils sont largement compensés.

C’est pour cela qu’il y a un an, j’ai démissionné de mon travail pour me consacrer à l’écriture. Je l’ai fait sans me laisser décourager par toutes les voix qui m’expliquent qu’on ne peut pas vivre de l’écriture (sauf dans de rares cas), que j’aurai dû demander une rupture conventionnelle, que c’est irresponsable de se jeter dans le vide sans parachute (les indemnités chômage auxquelles je n’ai pas droit).

C’est vrai qu’il est inconfortable de ne pas savoir comment régler les factures à la fin du mois ou d’avoir à choisir entre acheter un livre ou un vêtement, parce qu’on n’a pas les moyens de payer les deux. Mais je ne reviendrai pas en arrière. Oh ce n’est pas rose tous les jours, et Calimero est encore très présent. Il a été particulièrement actif l’an dernier pendant le confinement. Juste après ma libération, tant attendue, au moment où j’anticipai avec délectation le moment d’être seule à la maison et de souffler, tout s’est arrêté. Confinée avec une enfant de 5 ans pendant trois mois (son école a réouvert le 22 juin), j’ai fulminé contre la fermeture des écoles, le principe des emplois prioritaires, le fait de supporter toutes les contraintes sans avoir un centime d’aide et l’injustice de la situation.

Et un jour, j’ai décidé de reprendre la main. Je n’en pouvais plus d’attendre que la situation change de l’extérieur et de constater que quoi que je fasse, rien ne bougeait. Alors j’ai modifié mon point de vue. J’ai observé le contexte et ce qui était incontournable (le confinement, les règles sanitaires, la fermeture des écoles…), et j’ai agi où je le pouvais. Faire les courses une semaine sur deux, demander plus d’aide à mon mari pour garder notre fille…

Et ça a tout changé. Au lieu de me morfondre dans mon coin, martyrisée par la société (et oui, mon petit Calimero a des années de pratique !), j’ai accepté la responsabilité de ma vie, et j’ai choisi une nouvelle dynamique.

Aujourd’hui, les fins de mois sont toujours aussi incertaines, mais je savoure jour après jour la liberté de faire un métier que j’aime dans un cadre idyllique, et ça, ça n’a pas de prix.

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